mardi 22 juin 2010

La journée d'un Patrouilleur Eco Cyclo sur la Quebrantahuesos 2010



PERSPECTIVES POUR UN CYCLISME DURABLE
Communiqué n° 147


Le soleil sur Sabinanigo au départ de cette vingtième édition de la Quebrantahuesos pouvait faire illusion, mais les français qui avaient franchi la frontière au petit matin avec une température de 3° au col du Pourtalet savaient à quoi s'attendre pour la journée: pluie, brouillard et froid !

Ce n'était pas un temps pour observer les derniers gypaètes barbus (quebrantahuesos en espagnol) dans le ciel pyrénéen et il fallait se contenter des deux hélicoptères qui survolaient les dix mille participants, heureux élus parmi les vingt cinq mille prétendants à cette épreuve mythique.

Les incertitudes météorologiques se traduisaient dans la tenue des patrouilleurs Eco Cyclo, certains comme Emile et Didier avaient opté pour une tenue franchement estivale tandis que Philippe et Jean-Christophe avaient revêtus jambières et surchaussures.

Avec le recul, on ne saurait dire lesquels avaient raison car tous terminèrent de belle manière.



Dans les premiers faux plats avant le col du Somport, la ligne des Pyrénées commença à devenir plus noire que bleue. A partir de Canfranc, une pluie bien froide se mit à nous arroser copieusement et je décidais de mettre mon coupe-vent, soit-disant imperméable, que je ne quitterai plus jusqu'à l'arrivée. De nombreux supporters courageux étaient présents comme d'habitude au sommet du col mais leur encouragements chaleureux (Venga! Aupa! Animo!) n'eurent que peu d'effet sur ma température corporelle avant la très longue descente de la vallée d'Aspe sur une route détrempée. Je fus surpris de croiser de nombreux cyclistes qui, sans doute inquiets pour la suite, remontaient le col pour rentrer à Sabinanigo au risque de provoquer des accidents.

Tétanisé par des tremblements dus au froid et des difficultés à freiner avec les doigts gelés, je fus doublé par des centaines de concurrents et c'est avec soulagement que j'atteignis Escot et les premières rampes du redoutable col de Marie Blanque. Les quatre derniers kilomètres mythiques à plus de douze pur cent sont toujours une épreuve mais on y transpirait peu en ce jour de froidure et les applaudissements des nombreux spectateurs étaient les bienvenus.

Dans la descente, au ravitaillement sur le plateau du Benou, à moins de vingt kilomètres de mon domicile de Bruges, l'idée de rentrer directement à la maison me traversa l'esprit car de nombreux concurrents épuisés et gelés avaient décidés de s'arrêter là et d'attendre les cars affrêtés par l'organisation! Cependant, n'étant sans doute pas très lucide, je me dis que n'ayant pas les clés de la maison, il était sans doute plus simple de retourner les chercher à Sabinanigo en vélo!

Me voici donc parti dans les vingt neuf kilomètres d'ascension du col du Pourtalet que je trouve finalement plus facile à grimper que sous la chaleur lors d'éditions précédentes de la Quebrantahuesos.
Au Caillou de Socques, je peste comme l'année derrière contre une ravitaillement organisé par un fabriquant de boissons énergétiques qui distribue allégrement des gobelets qui s'envolent dans la nature alors que nous sommes ici dans le Parc National des Pyrénées. Au sommet plongé dans le brouillard, je ne vois pas ma femme qui m'avait attendu dans le froid. A postériori, je me dis que j'ai bien fait de ne pas rentrer à la maison ou j'aurais trouvé porte close...

La descente du versant espagnol est à nouveau un calvaire et je m'arrête dans la station de ski de Formigal où des bénévoles me proposent de rentrer à l'intérieur pour me réchauffer les mains avec les séchoirs électriques des toilettes. De nombreux concurrents ont trouvé refuge dans ce local et grelottent enveloppés dans des couvertures de survie en attendant qu'on vienne les chercher, les vélos restant entreposés pêle mêle au bord de la route, en attendant de revenir les récupérer.



Je ne vais pas si mal, donc je repars en direction de la dernière difficulté, emblématique de la Quebrantahuesos, la montée très raide de trois kilomètres vers le village de Hoz de Jaca par très spectaculaire la route en corniche et ses chutes d'eau qui se déversent dans le splendide lac de Bubal. La pluie a enfin cessé et l'on retrouve une ambiance estivale avec de nombreux spectateurs venus pique-niquer au bord de la route.



La fin du parcours n'est plus qu'une formalité et je termine ma huitième Quebrantahuesos avec le sentiment d'avoir vécu une journée dont je me souviendrai longtemps.



Comme chaque année sur cette épreuve, il restait beaucoup de déchets sur la route après le passage de l'épreuve mais les organisateurs font tout ce qu'ils peuvent pour améliorer la situation en communiquant largement pour sensibiliser les participants et en nettoyant tout le parcours le lendemain de l'épreuve.

Merci à Roberto Iglesias et à toute l'équipe de la Pena Ciclista Edelweiss pour la qualité exceptionnelle de leur organisation qui a permis de gérer des conditions très difficiles de cette édition 2010.

- Les Patrouilleurs de la Quebrantahuesos 2010.

- Pierre Gadiou
- Emile Arbes
- Manuel Pina
- Claude Dion
- Didier Garat
- Jean Christophe Massoubre
- Jacques Barthou
- Pierre Redal
- Philippe Pouey
- David Beignon

Pierre Gadiou

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